Il vaut mieux lire par goût un auteur dépassé que par snobisme un auteur dans le vent. Dans le premier cas, on s'enrichit avec la substance d'un autre, dans le second, on consomme sans profit. [Emile Michel Cioran, Carnets 1957-1972, 1 juin 1968 ]

Internaute 1- Les hommes mentent deux fois plus que les femmes sur leurs lectures pour impressionner celles-ci. Quelle surprise...
Internaute 2- Complètement débile! Je n'ai pas le temps ni l'envie de lire après mes 8h quotidiennes à bosser à l'usine. Chez moi pas de bibliothèque et pourtant j'ai une femme. Problème bourgeois.
Internaute 3- Au bureau j'en fais souvent dix, et c'est bizarre, je trouve le temps de lire... le soir, au lieu de regarder la télé...[trouvé récemment sur un Forum]

Ce que je reproche aux journaux, c'est de nous faire faire attention tous les jours à des choses insignifiantes, tandis que nous lisons trois ou quatre fois dans notre vie les livres où il y a des choses essentielles. [Marcel Proust, A la recherche du temps perdu (1918), Du côté de chez Swann ]

Tout ce que l'humanité a fait, pensé, conquis ou été, tout cela est miraculeusement préservé entre les pages des livres. [Thomas Carlyle]

Le grand inconvénient des livres nouveaux est de nous empêcher de lire les anciens. [Joseph Joubert, Carnets tome 2, 23 juin 1808 ]

Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux. [Jules Renard, Journal, 23 juin 1902 ]

Il ne s'agit pas de beaucoup lire, mais de bien lire. [Aristippe de Cyrène]

Philosophes

Les penseurs exceptionnels ...


Camus ( 1913 – 1960 )

Écrivain français, Existentialisme, Nihilisme éthique

Le sentiment d’absurdité de la vie, l’impuissance de l’intelligence humaine devant les événements tragiques du monde et le caractère inéluctable de la mort, engendrent un nihilisme qu’il faut surmonter. Dans un monde sans Dieu et dépourvu de sens, l’être humain est destiné à prendre la souffrance de l’humanité sur soi. Puisque hors de l’homme et du monde il ne peut rien y avoir d’absurde, il subsiste donc une valeur que l’absurde ne peut nier sans se renier soi même : la vie. C’est au nom de sa propre identité que l’homme s’oppose à l’absurde. Même s’il sait que ses exigences d’unité et de sens ne peuvent être satisfaites, l’humain doit les maintenir inconditionnellement. Chacun réalise qu’il n’est pas seul avec son destin. S’identifiant aux autres hommes souffrants il leur devient solidaire dans la révolte contre l’absurdité de la vie.


RENAISSANCE

Montaigne ( 1533 – 1592) Essais

Écrivain français, Humanisme, Subjectivisme

Dans ses certitudes, la raison se trompe. Rien n’est assuré, rien n’est immuable et éternel. Les artisans et paysans sont souvent plus sages que les savants. L’aspect fondamental de la vie humaine est l’insécurité, l’incertitude et la crainte permanente de la mort. « Chaque homme porte en lui la forme entière de l’humaine condition. » Mieux vaut citer que « redire plus mal ce qu'un autre a réussi à dire mieux avant lui ». « Que ne plaît-il un jour à la nature de nous ouvrir son sein et de nous faire voir au propre les moyens et la conduite de ses mouvements, et y préparer nos yeux! O Dieu! Quels abus, quels mécomptes nous trouverions en notre pauvre science. » « Je n'ai vu un plus grand monstre ou miracle que moi-même. »


PREMIÈRE SCOLASTIQUE

Anselme de Canterbury ( 1033 – 1109)

Archevêque anglais, Père de la Scolastique

Dieu est parfait, donc il existe. Si Dieu était parfait sans exister, il serait possible de concevoir un autre être aussi parfait que lui, et qui, en outre, aurait l’existence. Cet être serait alors plus parfait que Dieu. La perfection implique donc l’existence. C’est la preuve ontologique de l’existence de Dieu.


NÉOPLATONICIENS

Augustin ( 354 – 430)

Docteur de l’Église latine (Algérien de l’est), Augustinisme

Il faut d’abord la foi pour ensuite pouvoir raisonner. Le monde créé est la réalisation des Idées dans l’esprit de Dieu. Le temps n’existe pas, seule l’expérience du présent existe vraiment, accompagnée, dans l’esprit, d’une représentation du passé et du futur. L’homme intérieur, c’est l’unité d’une trinité : conscience (memoria), entendement (intelligentia) et volonté (voluntas) à l’image de la trinité divine : Dieu (le Tout), le Fils (le Verbe) et l’esprit (l’Amour). Pendant que je doute, je suis conscient de moi-même comme doutant, donc j’existe. Aime et fais ce que tu veux.


SOCRATE, PLATON et ARISTOTE

Aristote ( -384 – -324)

Philosophe grec, Créateur de la logique formelle, synthèse philosophique de son temps

L’essence des choses leur est immanente. La substance des choses réside en elles. La forme et la matière s’unissent pour qu’existe l’objet. C’est l’union de l’esprit et du corps qui créé le monde tel qu’il est.

Tout être tend vers un bien qui lui est propre, et dans lequel il trouvera son accomplissement. Dieu, pur esprit, pure forme, est à soi-même l’objet de sa pensée. Il est absorbé dans la pure contemplation spirituelle de soi-même. Il est la cause première, le moteur immobile initial. Il n’intervient pas dans le cours du monde. L’art doit refléter la réalité sans la reproduire (imitation) et doit purifier (catharsis) le spectateur dans la mesure où il s’identifie à ce qui est représenté et peut ainsi se libérer de ses propres affects en les projetant sur un autre plan.


NÉOPLATONICIENS

Boèce ( ~ 480 – ~ 524)

Poète, philosophe et homme politique romain, Dernier Romain et premier Scolastique

Dieu est le créateur et le conducteur du monde, il lui confère son unité. La destinée (apparemment) néfaste n’est là que pour éprouver et améliorer l’homme, ou pour le punir.


SAGESSE ORIENTALE

Confucius (-551 – -479)

Maître chinois, Confucianisme


XIXe SIÈCLE – NATURALISTES

Darwin ( 1809 – 1882)

Naturaliste anglais, Darwinisme, Mutationnisme , Évolutionnisme
RATIONALISME

Descartes ( 1596 – 1650)

Mathématicien et physicien français, Dualisme

Je pense donc, je suis. Je suis conscient. Dieu existe ; c’est lui qui garantit l’effectivité du monde et de sa connaissance. Le point de jonction du corps et de l’esprit, c’est la glande pituitaire. Il y a dans le monde les deux domaines séparés des corps étendus et de la pensée pure. L’homme participe des deux mondes. Les corps sont soumis à des lois; l’esprit, lui, est libre. Il n’y a que ce qui est clair et évident qui puisse être vrai : ce sont des certitudes.

La méthode : 1. douter, 2. diviser, 3. ordonner et 4. vérifier.


STOÏCIENS

Épictète ( ~50 – ~125~130)

Esclave romain affranchi, Déterminisme

Certaines choses dépendent de nous, d’autres non. Tout ce en quoi c’est nous qui agissons – la pensée, l’impulsion, le désir, l’aversion – dépend de nous. Tout ce en quoi ce n’est pas nous qui agissons – le corps, l’argent, la réputation, les charges publiques – ne dépend pas de nous. La liberté est la vertu. Ce qui dépend de nous est libre, sans obstacles ni entraves ; ce qui n’en dépend pas est faible, esclave, exposé aux obstacles et nous est étranger. Ce qui tourmente les humains, ce n’est pas la réalité mais les opinions qu’ils s’en font. Pour progresser, il faut accepter de passer pour un ignorant. Pour être heureux, il ne faut pas s’attendre à ce que les événements que nous souhaitons nous arrivent, il faut décider que nous voulons ce qui nous arrive. Il ne faut jamais se présenter comme philosophe. La plupart du temps il faut se taire ; sinon, parler en peu de mots. Le seul ennemi à redouter c’est soi-même.


XXe SIÈCLE

Sigmund Freud ( 1856 – 1939)

Neurologue et psychiatre autrichien, Freudisme

L’inconscient a un effet dynamique sur le comportement ; il est constitué de trois entités qui interagissent : le Moi, le Ça et le Surmoi.

La maladie peut se présenter sous forme psychique, sans aucune lésion organique. Elle apparaît, le plus souvent à cause de pulsions sexuelles (la libido primitive) refoulées dans l’inconscient au moment de l’enfance. La prise de conscience provoquée par une psychanalyse délivrera le malade qui recouvrera ainsi son état normal. La personnalité d’un individu est déterminée par les relations de l’enfant à la mère de sa naissance à trois ans.

Le premier lieu de l’appareil psychique est constitué des trois entités que sont le conscient, le préconscient et l’inconscient. Le conscient désigne l’instance d’accès direct des représentations à la conscience ; le préconscient contient ce qui est susceptible de devenir conscient ; l’inconscient renferme tout ce qui est refoulé.

Le second lieu de l’appareil psychique comporte aussi trois entités : le Moi, le Ça et le Surmoi. Le Moi est coincé entre ses désirs pulsionnels (le Ça), et le Surmoi que sont les interdits sociaux intériorisés, un peu à l’image traditionnelle du petit ange et du petit diable qui tiraillent notre conscience pour nous inciter à faire le bien et le mal. Ce conflit crée en nous une lutte psychique appelée névrose.


RENAISSANCE

Machiavel ( 1469 – 1527)

Homme politique italien, Machiavélisme

Malheureusement, on peut compter sur la mesquinerie naturelle des humains avec plus d’assurance que sur leurs désirs de bonté. Aussi, est-il sage de gouverner en conséquence. Le souverain doit, en cas d’urgence, être capable de faire aussi le mal. On appréciera davantage un Prince qui, même avec la réputation d’être sanguinaire, arrivera à maintenir la paix et l’unité de son État qu’un vertueux, juste et débonnaire qui sera inefficace. Le bien-être et la sécurité passent avant la vertu.


LES LUMIÈRES

Montesquieu ( 1689 – 1755)

Écrivain français, Libéralisme politique

L’ordre social, le droit et la liberté.

Il y a trois formes d’État :

  1. le despotisme, dont le principe est la crainte
  2. la monarchie, qui se fonde sur l’honneur
  3. et la république, qui est, soit une démocratie, soit une aristocratie ; elle est fondée sur la vertu.

Un type d’État donné est bon s’il est modéré puisque c’est ainsi qu’il garantit la liberté.

Montesquieu préconise la séparation des pouvoirs :

Le libéralisme de Montesquieu repose sur l’idée d’un équilibre entre les forces sociales.


LES LUMIÈRES

Pascal ( 1623 – 1662)

Mathématicien, physicien et écrivain français, Jansénisme

L’homme se tient entre deux infinis : l’infiniment petit et l’infiniment grand. Comme le domaine de la raison se limite au fini, c’est le cœur qui devient la véritable instance de la connaissance. Le cœur doit prendre la décision pour ou contre la foi. Pascal y voit les termes d’un pari : en décidant s’il y a ou non un Dieu, l’homme, s’il pari sur Dieu, mise du fini (sa négligeable existence) pour gagner de l’infini (sa félicité éternelle). Une fois effectué ce choix décisif, avec humilité, il fondera sa vie en Dieu. Telle est l’issue de la misère de l’existence ; l’homme est un malheureux être intermédiaire : par son esprit, il est presque un ange ; par sa bassesse, il est presque une bête.


SOCRATE, PLATON et ARISTOTE

Platon ( -427 – -347)

Philosophe grec, Théorie des idées, Dualisme

Le monde matériel est comme une caverne sombre où nous ne voyons que des ombres ; sortons de la caverne, contemplons l’Idée du Bien. Les idées sont parfaites. Le monde sensible est affecté par le changement et la dégradation. Le monde intelligible est permanent et idéal. Le corps est mortel et l’âme est immortelle. Elle est le divin, l’intelligible, l’identité à soi-même.


LES LUMIÈRES

Jean-Jacques Rousseau ( 1712 – 1778)

Écrivain et philosophe genevois, Démocratie et droits de l’homme.

Du contrat social naît la souveraineté populaire. Les petites démocraties réaliseront l’État idéal où les citoyens doivent être aussi égaux que possible en droit et en fortune.

L’homme vivait à l’origine de l’humanité dans un libre état de nature et était totalement immergé dans l’ordre naturel. Il pouvait alors s’en remettre à ses sentiments : l’amour de soi, un sentiment naturel qui porte tout animal à se préserver et la pitié qui aide à la conservation mutuelle de l’espèce. La rupture décisive est provoquée par l’introduction de la division du travail et de la propriété privée. Le développement de la culture impose des chaînes à l’homme ; il est accéléré par les lois « qui donnèrent de nouvelles entraves au faible et de nouvelles forces au riche ». Le développement du langage des sciences et de l’art, contribue également à cette évolution.

Rousseau oppose à cela son idéal de liberté vers lequel l’homme doit tendre, notamment par la réalisation d’un idéal d’éducation. L’enfant apprendra lui-même à partir de ses expériences. L’éducation doit pour cela s’adapter à son développement. Il doit préserver son indépendance et apprendre auprès des choses elles-mêmes. Au cours de sa jeunesse l’enfant sera instruit en art, littérature et religion, et son besoin de société sera pris en compte. Il devra s’épanouir physiquement dans un environnement sain.

Le second cheminement de Rousseau est sa philosophie sociale et politique, qui doit permettre la restauration de la liberté. L’idée fondamentale est celle du Contrat social (1762), par lequel chacun des membres d’une société se soumettent : « Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale » qui inclut la sienne propre. Les lois ne sont légitimes que si elles sont promulguées en accord avec la volonté générale sinon elles ne seraient que des décrets individuels. Le chef d’un gouvernement ne peut être au-dessus des lois qui elles ne peuvent être injustes car nul n’est injuste envers soi-même.

Son œuvre qui dénonce toutes les formes du pouvoir et les illusions du progrès a inspiré la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Et préfiguré la révolte romantique.


STOÏCIENS

Sénèque ( -4 – 65)

Écrivain latin, orateur et sénateur romain, Stoïcisme tardif, déterminisme

La philosophie se divise en logique, physique et éthique. La logique correspond aux murs d’enceinte, la physique à l’arbre qui croît vers le ciel, et l’éthique aux fruits du jardin. La théorie de la signification distingue les signifiants (son de la voix), les signifiés (signification intellectuelle), et l’objet réel (objet physique). Le bonheur dépend de notre capacité intérieure à coïncider avec le cours du monde qui, lui, est déterminé entièrement. Ainsi, aucun affect ne vient troubler la paix de l’âme (ataraxie). La douleur vient du refus de cet ordre des choses tel qu’il est établi, ou de l’aveuglement qui consiste à se donner plus de liberté que l’on en possède.


MYSTICISME

Thérèse d’Avila ( 1515 – 1582)

Religieuse et mystique espagnole, Mysticisme chrétien – Illuminisme, (Avec l’aide de Jean de la Croix, elle réforme l’ordre du Carmel.)

La prière mentale sous forme d’intense méditation (l’oraison) est un moyen privilégié pour rencontrer le Christ. L’union spirituelle avec le Christ apporte l’extase absolue et permet de voir Dieu dans toute sa splendeur.


HAUTE SCOLASTIQUE

Thomas d'Aquin ( 1225 – 1274)

Théologien italien, Thomisme, Le plus grand penseur du Moyen Âge

Dans cette hiérarchie, chaque position jouit de tous les attributs de celle qui la précède. Il n’y a aucune discontinuité entre le monde créé et la réalité divine.

Il y a cinq preuves de l’existence de Dieu :

Il faut faire le bien et éviter le mal. Le but le plus élevé de l’homme est le bonheur. Foi et raison ne peuvent se contredire puisqu’elles émanent toutes les deux de Dieu. Ainsi, la théologie et la philosophie ne peuvent pas aboutir à des vérités divergentes.


LES LUMIÈRES

Voltaire ( 1694 – 1778)

Écrivain français, Déisme, liberté et tolérance.

Tous doivent se voir garantir la liberté de penser. Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer. Écrasez l’infâme (en l’occurrence, l’Église).

Il attaque le caractère dogmatique des religions : c’est la racine de l’intolérance, qui engendre la privation de liberté, la persécution et l’injustice. Les religions historiques sont des superstitions. Elles doivent être remplacées par une religion rationnelle qui favorise la morale. Voltaire se rapproche d’une position déiste : Dieu est créateur de l’ordre naturel, mais n’intervient plus au sein de cet ordre. Cette conception de Dieu exprime parfaitement l’esprit des Lumières. « Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer mais la nature toute entière nous dit qu’il existe ».

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Autres classiques littéraires

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